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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 17:23




Au début tu ne te rappelles de rien.

Trop d’années passées à rêver dans les livres… à te projeter dans l’avenir, à te protéger du passé, trop d’excès aussi.

A vrai dire, ton enfance c’est celle d’un autre.

Tu ne te sens pas concerné.

Si bien qu’en évoquant l’enfant tu dirais presque « il ».

Ni un paysage, ni une odeur, ni une situation, c’est un comportement, une attitude générale face au monde, aux autres, qui le définit, lui, l’enfant : une timidité exacerbée, mélangée à un manque de confiance évident.

Mais aussi une colère violente qu’il n’arrive pas à canaliser.

Comme si quand sa réalité d’enfant ne s’accordait pas à sa volonté il sentait tout à coup ses muscles se contracter si fort, qu’il fallait que ça jaillisse, d’une manière ou d’une autre.

Le voila lançant un Playmobil en plastique contre le crépi ou le brisant avec son pied.

Le voilà qui fait un caprice, pour un rien, tu ne sais plus pourquoi.

Capricieux, colérique c’est comme ça que le définissent les adultes, l’enfant, lui, il se croit ainsi.

Tu déniches encore chez ton petit Moi, une extrême difficulté à accomplir les tâches les plus simples, celles du quotidien.

Tu ne sais pas pourquoi, mais ça lui pèses, horriblement.

Tu le vois fuir.

Il veut qu’on le laisse tranquille,  faire ce qui lui plait, rien de vraiment didactique, ni livre ni activité artistique.

L’enfant aime la télé, le foot, les Playmobil…

Mais surtout toute une série de jeux qu’il invente.

Déjà il n’aime pas la réalité.

Il s’en défie.

La renie totalement.

Il rechigne à accomplir une activité collective.

Il invente un langage à lui.

Des surnoms…

Il combat les mots avec toutes sortes de néologismes...

Pour s’amuser ?

Non !

Il le fait  pour se protéger.

En sentant qu’il peut déformer à sa guise ce qui l’entoure, il pense maîtriser sa réalité, construire son individualité, être différent.

Il combat les adultes, encore.

Les adultes qui peu à peu cisèlent sa personnalité, au gré de leurs croyances légitimes.

Il se débat, résiste, lutte contre ces artistes du quotidien qui par des petites touches de « tu dois », et « tu peux », peignent le tableau de sa vie.

A force de carottes et de bâtons, l’enfant baisse les armes, laisse entrer en lui le monde, tu ne lui en veux pas, il ne peut en être autrement.

Pourtant, dès lors, l’enfant est si fragile.

Voilà l’adolescent !

Difforme…

Qui se laisse démolir par des êtres qu’il méprise.

L’adolescent se retourne toujours, il n’entamera pas de bataille car il a peur de perdre.

Il ressent mais  il se tait, ça ne fait pas partie de ce qu’on lui a enseigné.

Il essaye encore de faire comme les autres et il s’insulte de ne pas y arriver.

Tu le connais trop bien ce jeune homme aux cheveux en bataille qui ne prend jamais soin de lui.

Il porte des rêves étouffés par le présent, c’est toujours trop tard ou trop tôt pour lui, pour entreprendre, il essaye encore, sans réel plaisir avant de baisser les bras et de se diriger dans une autre direction.

Il ne fait jamais ce qu’il veut.

Les autres….

Les autres passent avant lui, leurs goûts musicaux, leurs sports favoris, il se sent tellement différent qu’il veut leur ressembler.

Il ne sait rien de Milena encore, elle ne vit pas là, mais tu en es sûr : elle lui ressemble, elle, sans tricher.

L’adolescent se renie.

Il n’est pas stupide, peu à peu il comprend comment ça marche, il joue le jeu du moi social, il adapte sa personnalité à ce qu’il croit réel. Il sait que ce n’est qu’un mirage collectif… que si certains s’y épanouissent car ils conviennent parfaitement au moule, la plupart s’y modèlent, s’acharnent, se déforment, pour y entrer.

Et puis… quoi d’autre ?

Tu ne veux pas en dire plus.

Ca te fait mal !

Dans cette illusion tu as perdu ton temps, ton énergie, ton amour propre parfois et surtout tu as voulu te détruire.

Te détruire en vivant la vie des autres, en t’ingéniant à les imiter à tout prix sans jamais y parvenir, en t’étouffant, en te tuant à coup d’alcool.

D’alcool...

Jusqu’au silence, enfin !

Le silence. 

Je ne dis rien.

Je t’écoute… encore.

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